Par le Dr Renaud JOSSIER
CONTEXTE
Une chienne non stérilisée Setter Anglais de 10,5 ans est présentée en consultation de cardiologie en raison d’une baisse de forme, d’un amaigrissement et souffle cardiaque.
Un bilan sanguin préalable a mis en évidence une augmentation des valeurs des paramètres rénaux (urée : 1,31 g/L, créatinine : 25 mg/L). Le reste du bilan sanguin (biochimie et numération formule sanguine) est normal. Des radiographies thoraciques n’ont pas montrée d’anomalie significative. Une hospitalisation avec fluidothérapie n’a pas permis de faire baisser les paramètres rénaux. Une échographie cardiaque est demandée par le vétérinaire traitant.
Lors de la consultation, l’animal présente de l’apathie, un essoufflement, un souffle systolique basal gradé à 4/6. Des boucles vidéos de l’échocardiographie vous sont présentées.
ECHOCARDIOGRAPHIE
Coupe parasternale droite, petit axe transventriculaire
Coupe parasternale droite, petit axe aortique haute
Coupe de la chambre de chasse du ventricule droit et du tronc pulmonaire par abord cranial gauche
DESCRIPTIONS DES ANOMALIES
Une dilatation de la cavité ventriculaire droite est notée, associée à un épaississement modéré des parois ventriculaires droites et des piliers myocardiques droits. Un aplatissement du septum interventriculaire est aussi visible, à l’origine d’une déformation de la cavité ventriculaire gauche.
Un tissu échogène est retrouvé au sein de la lumière du tronc pulmonaire, au delà de la valvule pulmonaire et au sein des portions visibles des artères pulmonaires gauche et droite. Un élément grossièrement rond, échogène, est également retrouvé au sein de la chambre de chasse du ventricule droit, en mouvements.
Une hypertension artérielle pulmonaire est confirmée par le mesure d’un reflux tricuspidien (V = 5,16 m/s, GP = 107 mmHg).
CONCLUSION EXAMEN
Volumineux thrombus pulmonaire aussi bien au sein du départ du tronc pulmonaire que dans ses ramifications gauches et droites. Thrombus libre au sein du ventricule droit. Hypertension artérielle pulmonaire et cardiomégalie droite secondaires.
DISCUSSION
Les thrombus pulmonaires sont rares. Les signes cliniques sont peu spécifiques et souvent sévères : détresse respiratoire suraiguë, choc cardiovasculaire et mort subite.
La formation de thrombus est à suspecter en cas de dirofilariose, d’hypercoagulabilité le plus souvent secondaire à une protéinurie (syndrome de Cushing, glomérulopathie), d’hyperviscosité sanguine, de pancréatite, de cardiomyopathie, d’endocardite, de choc septique et traumatique, de néoplasie ou encore suite à une chirurgie. Dans notre cas, une protéinurie massive a été mise en évidence.
A la radiographie thoracique, le diagnostic est souvent un challenge. L’examen est le plus souvent normal, une opacification interstitielle à alvéolaire, focale ou multifocale, ou au contraire, une hyperclarté périphérique d’un ou de plusieurs lobes est possible. Elle est associée à un aspect tortueux et élargi des artères pulmonaires dans leur portion proximale et une diminution de leur diamètre en parties périphériques.
L’examen d’échographie cardiaque ne permet généralement que la mise en évidence de l’hypertension artérielle pulmonaire qui découle de la présence des thrombus. Le thrombus n’est visible que s’il s’étend au sein du tronc pulmonaire.
Le scanner permet la détection de thrombus pulmonaire de très petite taille, avec une excellente sensibilité.